L'histoire de la Ville aux Dames

Source : Extrait du Bulletin Archives du féminisme, n° 8, décembre 2004


Située tout près de Tours, en Indre-et-Loire, La-Ville-aux-Dames est une commune de près de 5 000 habitants, remarquable par une particularité unique en France : toutes les rues portent des noms de femmes.

A l’origine, au Xe siècle, Hildegarde y avait édifié l’abbaye de Saint-Loup. Les religieuses constituant la majeure partie de la population, le lieu prit le nom de " Villa Dominarum ", domaine des religieuses, puis devint " La-Ville-aux-Dames ".

C’est en plein dans les années 1970, le 13 mars 1974 précisément, que, sur proposition du maire, M. Delaunay, le conseil municipal décide de désigner les rues de la commune par des noms de femmes célèbres. Ainsi trente premières femmes sont choisies pour rebaptiser des rues qui portaient des noms de lieux-dits. Nous avons noté dans le relevé de décisions municipal des fautes dans l’orthographe de certains noms des femmes et non des moins célèbres.

Aujourd’hui, on recense 75 avenues, rues, allées et impasses qui portent presque toutes des noms de femmes :
15 sont des artistes (comédiennes, musiciennes, peintres, chanteuses)
14 sont des femmes connues pour leur engagement politique
11 sont célèbres pour leurs charmes
9 sont des aventurières, sportives ou héroïnes (Jeanne d’Arc et Jeanne Hachette)
8 sont des écrivaines
7 sont des inspiratrices ou tenaient des salons littéraires
2 sont des scientifiques : Marie Curie et Françoise Dolto.

Il existe aussi une rue Madame et une rue Mademoiselle.

Seules voies ne portant pas des noms de femmes : la place du Onze Novembre et la rue des Levées.

Mais attention, il s’est glissé une intruse dans cette ville à la toponymie rêvée : " La Dame en Noir " qui fut le nom de résistant d’un abbé de La-Ville-aux-Dames, figure de la résistance tourangelle.

Il est à noter que les édifices municipaux portent eux aussi des noms de femmes : le centre socioculturel Camille Claudel, les salles municipales George Sand, Bernadette Delprat et Maryse Bastié, les écoles Marie Curie et Colette et la résidence pour personnes âgées Jeanne Jugan.

Nous pouvons apprécier l’éclectisme et la diversité des noms de femmes célèbres (ou moins célèbres) retenus. A tel point que nous avons lu sur un panneau " ZAC du Champmeslé " !!

L’heureuse initiative de la municipalité prendrait tout son sens pédagogique si tous les panneaux de rues spécifiaient pour chacune de ces femmes remarquables leurs dates de naissance et leurs actions.

Ayant sans doute peur de laisser toutes ces dames seules, en 1979, la municipalité a conclu un mariage avec la ville d’Hommes (autre commune d’Indre-et-Loire) !


Article écrit par Pascale Goux, Carole Jegoux et Annie Bonnaud

(http://www.archivesdufeminisme.fr/article.php3?id_article=67)

Merci pour ce petit historique... J'adore apprendre ce genre d'infos !

idem pour moi. Surtout j'ignorais exactement quelle était l'histoire précise de la commune

Merci pour l'info, c'est rigolo!
je ne savais pas pour la Dame en Noir, ça donne envie d'en savoir plus!!
(je crâne auprés de mes copines du fait que ma ville ne comporte que des noms de femme!)

c'est vrai que c'est toute l'originalité de cette commune ! j'aime beaucoup cette histoire aussi... Mais j'espere que les hommes ne sont pas trop perdus

Je viens apporter une modification dont on m'a récemment fait part concernant la copie de l'article que j'ai posté plus haut. En effet, il y a bien eu un mariage avec la Ville d'Hommes, mais pas sur l'initiative de la Municipalité, mais à celle de Michel Laplace, à l'époque Président du Comité des Fêtes. Il m'a d'ailleurs envoyé un texte (merci à lui pour l'histoire et la précision) qu'il avait écrit avec un ami sur la Ville aux Dames, c'est avec vous plaisir que je vous le mets en ligne ci-dessous.

je suis obligée de scinder en deux, l'intégralité ne passe pas sur un "post"

...Si "La Ville aux Dames" m'était contée...
à la façon de Michel Laplace Président du Comité des Fêtes

Il était une fois... la bonne fée "Spirituelle" en quête de quelques malices et facéties; cette bonne fée donc, vint effleurer de sa baguette magique une petite agglomération dont la raison de vivre dépendait beaucoup des caprices et des largesses de notre grande "Loire" ayant fertilisé notre bonne terre.

Notre malicieuse fée transforma cette charmante bourgade en "La Ville aux Dames" pour la bonne raison qu'elles étaient, toutes ces dames, alignées à laver leur linge sur les berges de notre amie "La Loire" pendant que les messieurs étaient hors la vue occupés à travailler à l'intérieur des terres, mais le soir, hommes et dames se retrouvaient au logis...

Cet état de chose déplut une fois encore à la méchante fée "Carabosse" qui déclara à la fée "Spirituelle" : "Vous avez voulu en faire "La Ville aux Dames" ? Eh bien! soit! mais elle sera privée d' "Hommes" pendant des siècles!"
Notre bonne fée "Spirituelle" s'inclina devant sa supérieure, mais déclara: "Je ne puis rien contre votre décision, mais toutefois "La Ville aux Dames" sera délivrée quand un légumes ligneux et rigide jaillira virilement de la profondeur des sables!..."

"La Ville aux Dames" se prit alors à réfléchir profondément et lâcha le battoir pour se lancer dans la culture maraîchère à corps perdu afin de découvrir ce genre de légume pouvant rapprocher le compagnon le plus rapidement possible à cette "Ville aux Dames " privée d"Hommes"!...

C'est pourquoi on vit venir se promener dans les avenues, les rues et les impasses, une foule de dames célèbres, envoyées en toute confiance par leurs maris et protecteurs!

Pour bien d'autres raisons, Jeanne d'Arc honora l'avenue!...
Un religieux, en période troublée, "La Dame en Noir" fut le seul homme à se trouver dans l'impasse!
Ne trouvant toujours pas de solution, un jour, "La Ville aux Dames" se décida d'en parler à cette Dames de Beauté sur Marne, "Agnès Sorel", dont le "blanc sein" signé du Roi, pouvait favoriser la découverte spontanée de cette "drôle d'affaire".
"La Champmeslé" ayant ouï-dire que cela sortait de la terre, nous fit savoir qu'il nous fallait chercher à le découvrir dans un théâtre de "Racine"!...
"Madame de Staël", à la plume facile, nous dit que son père "Monsieur Necker" avait déjà fait une révolution pour de "l'oseille", elle pouvait bien lui en parler?...
"Madame Récamier" nous proposa gentiment de glisser à l'oreille de Monsieur "de Chateaubriand" s'il n'aurait pas vu cela en creusant dans ses "Mémoires d'outre-tombe"!...
Puis, "Eugénie Grandet", n'ayant rien compris, demanda à Honoré de Balzac si ce légume pouvait avoir un rapport avec sa "Cousine Bette"!...
"La Comtesse de Ségur", après réflexion, nous indiqua que dans les mémoires d'un âne il serait bien rare de ne point trouver si cela s'épluchait ou s'écossait!...
~S'écossait?... Plus tard, cela donna l'idée à "La Ville aux Dames" de faire un jumelage avec une commune "d'Ecosse"!...
Puis, grâce à l'avion, un jour "Hélène Boucher" et "Maryse Bastié" vinrent nous informer qu'en survolant à basse altitude, elles avaient vu une commune d "Hommes", pas bien loin, pouvant fournir ce que "La Ville aux Dames" cherchait en vain!...
Ce fut la ruée vers "Hommes" suppliant qu'il fallait venir afin de délivrer cette "Ville aux Dames" délaissée!
Les "Houlmois" vinrent alors délicatement déposer leurs asperges dans le terrain bien préparé par les "Gynépolitaines" et depuis ce moment, "La Ville aux Dames" avec amour, cultiva son asperge, jusqu'au jour où, "La Dames en Noir" fit informer la population qu'il fallait régulariser cette situation ambiguë, par la célébration du mariage!...

Cela se fit au milieu de la foule des invités venus de toutes les régions de France et de Navarre!...
Les communes d "Hommes" et de "La Ville aux Dames" sont très heureuses et ont beaucoup d'enfants!...