Si vous l'ignoriez, notre urine possède les trois plus importants nutriments dont une plante a besoin : l'azote, le phosphore, et le potassium. L'Allemand Christopher Kellner, spécialiste de l'assainissement, participe à un projet de potager fertilisé à l'urine en Zambie. Il explique comment il est possible de fertiliser un jardin à partir d'urine et d'excréments humains.
En plein cœur de Lusaka, la capitale zambienne, sur la route menant à l'université, pas grand monde ne soupçonne l'existence de ce potager fertilisé à l'urine. Ceux qui le savent observent avec intérêt la vie de ce jardin. Car il ouvre les portes d'une nouvelle forme de fertilisation et d'une meilleure productivité pour les agriculteurs zambiens.
Première constatation : les légumes du potager poussent plutôt bien. Wasaza, l'association zambienne de l'eau et de l'assainissement, pilote du projet, a d'ailleurs distribué ces légumes à certains de ses employés.
Pas à tous : seulement à ceux qui lui ont laissé leur urine dans des bouteilles en plastique.
Séparer l'urine des excrémentsPour cela, la conception de sanitaires écologiques (EcoSan) est nécessaire. « L'ergonomie des toilettes Ecosan permet l'évacuation distincte des urines et des excréments. Ce qui réduit fortement le risque de mauvaises odeurs.
Préparer chacun des « fertilisants » « L'urine, recueillie dans un bidon, est stockée pendant un mois avant de servir de fertilisant. Après ce laps de temps, elle est normalement saine.
Les excréments, eux, tombent dans une fosse où ils sont recouverts de cendres de bois ou de terre pour être traités. C'est ce qui demande le plus de travail car ils contiennent des germes et des parasites qu'il faut tuer. »
Mode d'emploi « Attention, il ne faut pas utiliser l'urine avant que les graines ne germent. Pour les excréments, il faut les insérer dans le sol avant de semer. »
Résultats « Les effets de ce type de fertilisation se voient dès la seconde application. Les plants sont bien portants et extrêmement forts. »
Si l'idée de la Wasaza est « d'améliorer la croissance des végétaux », elle intéresse fortement le gouvernement zambien. Car en se basant sur des moyennes de 500 litres d'urine et 50 kilos d'excréments par an et par personne, on peut fertiliser des surfaces importantes.
70% des Zambiens vivent avec moins de 1,50 euro par jourUne avancée qui permettrait d'accroître sensiblement les productions agricoles et de renforcer la sécurité alimentaire des populations locales. Malgré ses productions de cuivre et de cobalt, chacune dans le trio mondial, la Zambie reste un pays en voie de développement.
Sa population rurale est très forte, dépendante de l'agriculture. Et l'on y trouve la grande majorité des 70% des 11 millions de Zambiens vivant avec moins de 1,50 euro par jour.
Pour adopter ces techniques de fertilisation, il faut avant tout disposer de toilettes. Et c'est là que le bât blesse : les latrines sont rares en Zambie, surtout dans les zones rurales. Selon une étude du gouvernement, seulement 15% des deux millions de foyers zambiens disposent de toilettes avec chasse d'eau.
Des excréments humains compactés en vente et à vil prixPour convaincre de la qualité de ses nouveaux fertilisants, Wasaza commercialise des excréments compactés. Les prix sont parmi les plus compétitifs : la tonne revient à 1,60 dollar. De quoi être à portée de bourse du plus grand nombre. Peuve que Christopher Kellner souhaite voir utiliser ses méthodes de fertilisation.
« Les petits exploitants sont les gagnants, car ils peuvent réduire les coûts de leurs fertilisants », avance-t-il, conscient que sensibiliser la population zambienne constitue le plus gros du travail.
Car si les sanitaires élaborés par Wasaza posent le problème du coût (leur prix actuel, 1 800 dollars, étant hors de portée de la majorité de la population zambienne), il est cependant et heureusement possible de trouver des installations spéciales Ecosan un peu partout en Afrique, à des tarifs bien inférieurs. Ces toilettes respectent le principe de collectes séparées d'urines et d'excréments.
Selon la position (accroupie ou assise), et l'emplacement du sanitaire (à l'intérieur ou à l'extérieur de la maison), tout est possible. A condition de tenir les toilettes propres pour de bonnes conditions de fertilisation.
En attendant de voir la Zambie s'emparer du système Ecosan, les carottes sont cuites : il ne reste plus un seul légume dans le potager de la Wasaza.
http://fr.allafrica.com/stories/200912300742.html
Et chez nous ???
Chez nous on engraisse Véolia , Suez et consort .............